JONGLAGE

Manipulation d’objet, activités de coordination et de jonglerie

Pratique basée sur un séquençage spécifique de lancer et de réception d’objet de masses différentes
(balles, massue, foulards, ballon …).

Au niveau cognitif, le jonglage permet d’affiner la dextérité, la concentration, l’attention, les réflexes, la notion de rythme et la capacité mémorielle. La jonglerie au sens large, quel que soit le niveau, vient améliorer la vision périphérique, la maîtrise de ses gestes, la capacité à coordonner, à synchroniser, à prendre des décisions.
C’est un travail de connexion sensorielle subtile permettant d’approfondir la conscience corporelle fine. Aussi, cela permet de prendre conscience des bons gestes et de se corriger, faisant appel à une capacité d’auto-analyse que l’on appelle la métacognition.

L’objectif est de prendre du plaisir, de se reconnecter à ses capacités, à son tempo intérieur et de restaurer la confiance en soi. 

Le double mouvement du jonglage permet également de sentir le lâcher-prise (lancer de l’objet), puis l’accueil (réception de l’objet), permettant d’arrêter de réfléchir consciemment pour atteindre un état quasi hypnotique et se vivre dans l’ici et le maintenant.

Mais que se passe t’il quand on jongle ?

Quand on apprend à jongler, on mobilise d’abord beaucoup d’attention consciente : on « pense » à la trajectoire des balles, au rythme, à la coordination des mains. Mais lorsque l’on progresse et que l’on cesse de réfléchir volontairement, une autre dynamique neurologique se met en place.

Voici ce qui se passe

Passage du contrôle conscient au contrôle automatique
Au début, c’est principalement le cortex préfrontal qui travaille.

C’est la zone impliquée dans :

  • la concentration volontaire
  • la planification des gestes
  • la correction consciente des erreurs
Quand le jonglage devient fluide, ce cortex « lâche » le contrôle, et d’autres systèmes prennent le relais.

C’est ce qu’on appelle la dé-automatisation du contrôle conscient.

Activation du cervelet : la gestion automatique du mouvement

Le cervelet devient le chef d’orchestre :

    • il anticipe les trajectoires sans que tu aies besoin de les calculer
    • il ajuste ton geste en fonction des micro-erreurs
    • il synchronise les mouvements avec un timing extrêmement précis
Le cervelet excelle pour répéter des mouvements déjà appris de façon rapide et régulière.
Implication des ganglions de la base : la création d’un « programme moteur »

Les ganglions de la base jouent un rôle clé dans la mise en place des routines automatiques :

    • ils « compactent » la séquence de gestes en une seule unité automatisée
    • ils relâchent ces séquences comme on appuie sur un bouton « lecture »
    • ils rendent le jonglage beaucoup plus fluide et moins mentalement coûteux

C’est le même système qui te permet de faire du vélo sans réfléchir.

Diminution de l’activité préfrontale : l’effet “flow”

Quand tu jongles bien, l’activité du cortex préfrontal diminue.

Ce relâchement :

    • diminue la pensée verbale (« il faut que je fasse ci… »)
    • laisse plus de place à une perception sensorielle immédiate
    • favorise l’état de flow, où le geste semble se produire tout seul

Tu deviens donc plus réactif, plus précis, mais moins conscient des détails.

Intégration sensorimotrice plus efficace

Ton cerveau utilise mieux l’information visuelle et proprioceptive :

    • tes yeux ne suivent plus chaque balle individuellement
    • tu perçois un « nuage de mouvement » global
    • tes mains réagissent par réflexes calibrés, pas par raisonnement

Cela réduit énormément la charge cognitive.

En résumé

Quand tu arrêtes de réfléchir en jonglant, le cerveau bascule du mode conscient et analytique vers le mode automatique et sensorimoteur.
Le contrôle passe du cortex préfrontal vers :
    • le cervelet (précision, coordination)
    • les ganglions de la base (automatismes)
    • le cortex moteur (exécution fluide des gestes)
C’est ce transfert qui donne l’impression que les balles « tombent dans les mains toutes seules ».
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